[fessenheim-tn] Contamination à l’uranium au Niger et au Gabon : Areva responsable

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Fr Apr 6 00:26:30 CEST 2007


Contamination à l’uranium au Niger et au Gabon : Areva responsable
Uran-Kontamination in Niger und in Gabon : Areva verantwortlich
« On voyait nos camarades mourir sans comprendre pourquoi »
"Wir sahen unsere Kameraden sterben, ohne zu verstehen warum!"

http://www.afrik.com/article11482.html

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Contamination à l’uranium au Niger et au Gabon : Areva accusée
« On voyait nos camarades mourir sans comprendre pourquoi »

mercredi 4 avril 2007, par Saïd Aït-Hatrit 

Scientifiques, juristes, médecins et victimes ont dressé mercredi un 
réquisitoire accablant sur les activités d’exploitation d’uranium de la société 
française Areva au Niger et au Gabon. Jugée opaque dans la gestion de 
l’information, l’ex Cogema est accusée d’avoir sciemment laissé ses employés et 
les habitants des zones minières qu’elle exploite exposés à d’importants taux de 
contamination radiologiques.

Mercredi, les juristes, les scientifiques, les médecins (Médecins du monde) et 
les représentants des associations de victimes des mines d’Arlit et de Mounana, 
au Gabon, fermée depuis 1999, ont présenté les conclusions de trois ans 
d’enquêtes à Paris. « Nous avons de très sérieuses raisons de penser que des 
Africains et des expatriés français ont contracté des maladies seulement en 
raison des manquements d’Areva » en matière de protection de la santé et de 
l’environnement, a expliqué William Bourdon, le président et fondateur de 
l’association Sherpa.
Le chanteur nigérien Abdallah Oumbadougou avait expliqué en novembre dernier à 
Afrik, lors d’une interview, qu’il envisageait de quitter sa ville natale, 
Arlit, à 250 Km au nord d’Agadez, parce qu’il craignait pour la santé de sa 
famille. Guizmo, son partenaire musical français dans le collectif Désert Rebel, 
lui avait parlé d’un reportage selon lequel l’exploitation des mines d’uranium 
d’Arlit par Areva (ex Cogema) serait à l’origine d’une pollution de l’eau 
potable et de nombreux décès dans la région.
Diffusé sur la chaîne privée Canal +, en 2004, il montrait l’association de 
juristes internationaux Sherpa et l’équipe de scientifiques de la Criirad 
(Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) 
lors de leur première mission, en 2003, sur la situation des travailleurs de 
l’ex-Cogema à Arlit. Une ville bâtie en plein désert, dans les années 1970, pour 
les besoins de l’exploitation du précieux minerai, et qui atteint aujourd’hui 70 
000 habitants.
Les résidus radioactifs « exposés à tous les vents »
Selon les associations accusatrices rasemblées mercredi à Paris, Areva et ses 
filiales – Somaïr et Cominak au Niger, la Comuf au Gabon – ont volontairement 
maintenu leurs employés dans la méconnaissance des risques qu’ils encouraient à 
travailler dans les mines. « Ce n’est qu’en 1986 qu’il y a eu une timide 
sensibilisation », a expliqué Almoustapha Alhacen, ouvrier dans les mines 
d’Arlit et président de l’association nigérienne de protection de 
l’environnement Aghir N’Man. Fondée en 2000, c’est elle qui a sollicité la 
Criirad en 2003 pour évaluer la situation radiologique sur le terrain. « On 
voyait nos camarades mourir sans comprendre pourquoi », se souvient-t-il.
Après avoir échoué à faire interdire la mission exploratoire à Arlit, le 
directeur de la Cominak va parvenir à faire confisquer le matériel de mesure des 
scientifiques à la douane de Niamey, selon le rapport des associations. Ces 
derniers parviendront néanmoins à conserver des instruments dont les relevés 
seront sans appel : « Le taux de contamination de l’eau distribuée à la 
consommation dépasse largement les normes de l’OMS », assure Bruno Chareyron, 
responsable de la Criirad. Le laboratoire scientifique a également mesuré des 
pièces de ferrailles fortement contaminées sur le marché de la ville et constaté 
que les résidus radioactifs (500 0000 Becquerels par kilogrammes) étaient 
entreposés à l’air libre, « exposés à tous les ruissellements et tous les vents 
».
Areva n’a pas de maladies professionnelles
Areva a répondu aux contrôles de la Criirad par des mesures effectuées par ses 
experts et selon lesquels il y a une absence de contamination de l’eau 
distribuée à Arlit, selon Bruno Chareyron, qui regrette cette stratégie de la 
négation pure. Le but d’Areva, accuse le rapport des associations, est de rendre 
impossible l’établissement d’un lien de causalité entre l’exposition au 
rayonnement et les maladies développées qui pourraient lui coûter cher. C’est 
pourquoi la société garde secret les rapports d’enquête qu’elle effectue, comme 
celui qu’elle a réalisé en 1986 à Mounana.
C’est dans cette ville que Jacqueline Gaudet a passée 15 ans de sa vie. En 2005, 
elle a créé Mounana, l’association des anciens travailleurs expatriés du site 
minier, « pour la simple et bonne raison qu’il y a trop de cancer chez les 
expatriés », a-t-elle expliqué mercredi. Elle-même a perdu successivement son 
mari, son père et sa mère d’un cancer en l’espace de 10 ans après être rentrée 
en France. Areva lui a expliqué n’être pas concernée par la maladie de son père, 
mort d’un cancer du poumon liée à une exposition au radon, car il était assuré 
pour cette maladie par la Caisse de sécurité sociale gabonaise. Quant aux 
dossiers médicaux, elle n’y a pas accès. Dans ces circonstances, « c’est facile 
pour Areva de dire qu’elle n’a pas de maladie professionnelle », se 
désole-t-elle.
« Le développement durable au cœur de la stratégie Areva »
Anticipant le battage médiatique préparé par les associations, Areva a annoncé 
le 16 mars dernier sa volonté de créer un « Observatoire de la santé autour de 
ses sites miniers ». « Une avancée positive à laquelle nous devons répondre avec 
toutes les précautions d’usage », estime le vice-président de Sherpa. Quant à 
Almoustapha Alhacen : « J’avoue que je n’ai pas confiance en eux car ils sont 
spécialistes en publicité », explique-t-il presque gêné.
Dans le communiqué annonçant sa proposition, Areva assure mettre « le 
développement durable au cœur de [sa] stratégie », de même qu’elle contribue à « 
répondre aux grands enjeux du XXIe siècle : la préservation de la planète et la 
responsabilité vis-à-vis des générations futures. » Sherpa, qui a déjà poussé 
Total à indemniser des ouvriers birmans, a prévenu qu’elle disposait de 
suffisamment d’éléments pour entamer « une ou des procédures » en justice « 
longues et complexes » en France.