[fessenheim-tn] Les biocarburants, un faux-semblant écologique ?

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Di Okt 31 14:20:23 CET 2006


Les biocarburants, un faux-semblant écologique ? 

L’Oeil de DDN 
lundi 23 octobre 2006, par Christine Mounier ; source : http://www.dossiersdunet.com/spip.php?article866

La période semble favorable aux biocarburants : changement climatique, raréfication du pétrole, et surtout son coût de plus en plus élevé rendent nécessaires et urgents de lui trouver une énergie de substitution. 
Et de ce point de vue, les biocarburants pourraient constituer une alternative d’avenir aux produits pétroliers : leur faible émission de gaz à effet de serre font d’eux un moyen efficace de lutter contre les changements climatiques ; de plus, ils permettraient de réduire notre dépendance face au pétrole, en particulier dans le domaine des transports, et de stabiliser le prix des carburants, tout en augmentant la sécurité d’approvisionnement énergétique de la France.

Mais que sont ces produits que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de « pétrole vert » ? 
Ce sont des carburants d’origine végétale, ou obtenus à partir de matières organiques végétales ou animales (dans le cas de la biomasse), utilisés dans les moteurs. Parmi les biocarburants, on distingue ceux issus de plantes oléagineuses, ceux produits à partir d’alcool obtenu avec des plantes contenant du sucre, et ceux se présentant sous forme gazeuse, obtenus par fermentation (biogaz).

Ces biocarburants présentent indéniablement des atouts non négligeables : leur faible taux d’émission de gaz à effet de serre, leur rendement supérieur à celui de l’essence, leur impact positif sur la pollution locale de l’air font d’eux des produits favorables à la fois à l’environnement et à notre santé. De plus, ils sont potentiellement créateurs d’emploi, puisque 5,75% de biocarburants devront être incorporés dès 2008 dans les carburants distribués. Ils permettraient par ailleurs de valoriser la jachère imposée par la politique agricole, et contribueraient à maintenir une activité dans les zones rurales, véritable ballon d’oxygène pour l’agriculture. Ajoutons que les huiles végétales pures présenteraient un meilleur bilan énergétique, puisqu’elles sont peu consommatrices en énergies intermédiaires (elles n’engendrent pas de réaction due à la raffinerie). 

Cependant, leur coût actuel (aux environs de 0,45 à 0,55 euro le litre), auquel il faut rajouter le prix de la distribution, du transport (pas de recours aux pipelines pour les biocarburants) et du stockage, rendent au final leur coût plus élevé que celui des carburants pétroliers à l’heure actuelle. Mais avec le prix du baril toujours plus cher, les énergies renouvelables pourraient devenir concurrentielles à court terme, objecteront certains. Certes.

Cela suffit-il à faire des biocarburants des produits « miracles » capables à eux seuls de remplacer le pétrole, ou de s’en présenter comme une alternative crédible, tout en répondant aux engagements communautaires des 21% d’énergies renouvelables en 2010 ? 

Les conditions de culture des terres en jachère nécessiteraient l’apport d’engrais en quantité importante, ce qui aurait pour conséquence d’accroître encore la pollution des sols et des eaux, contrebalançant du même coup le bilan jusque-là globalement positif des biocarburants. Il faut ajouter que si nous voulions assurer notre consommation uniquement grâce aux biocarburants, il faudrait pour cela une fois et demi la totalité des surfaces cultivables en France : le manque de terres cultivables est un premier obstacle et met en lumière l’incapacité des biocarburants à amortir à eux seuls la pénurie annoncée en pétrole - Manger ou conduire... La tentation de recourir aux OGM et de manière générale à une agriculture intensive pour faire face à cette difficulté ne pourrait qu’avoir des conséquences pour l’environnement. De plus, n’oublions pas que la production de ces biocarburants engendre des rejets en polluants, gaz, etc, l’énergie dépensée par le processus de fabrication du bioéthanol étant même, selon une étude américaine, de 29% supérieure à l’énergie contenue dans ce bioéthanol.

On le voit bien, s’il est aujourd’hui de plus en plus urgent, pour des raisons de santé publique, d’écologie, d’indépendance énergétique, de ne plus dépendre du pétrole, les biocarburants, aussi utiles soient-ils, ne peuvent constituer qu’une avancée, mais ne sont en aucun cas la panacée face aux maux de notre société. 

La solution en passe certainement par une réduction des déplacements des marchandises et des circuits de transport, par une augmentation de la fréquantation des transports en commun et par un encouragement (sous forme de participation financière, en particulier) en ce sens de la part de l’Etat, par un éveil ou une éducation de la conscience des citoyens pour qu’ils se détournent des véhicules les plus consommateurs en énergies (les voitures type 4x4), et par un plan de transport rail/route digne de ce nom, qui ne subventionnerait pas massivement (directement ou non) le transport par route. 

C’est donc à une autre forme d’organisation du territoire et des modes de vie qu’il faut penser...


	

	
		
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