[fessenheim-tn] Irradiation : un cocktail explosif dans nos assiettes

R é seau R é seau
Do Mär 3 10:10:23 CET 2005


Samedi 5 mars à 15h : six manifestations simultanées en France devant les 6
usines d'irradiation des aliments.

Voir sur : www.sortirdunucleaire.org

Attention : la 7ème manifestation (Berric, Morbihan) est déplacée (suite à
la fermeture de l'usine d'irradiation fin 2004) vers celle de Pouzauges
(Vendée).

Contact presse Réseau ³Sortir du nucléaire² : 06 64 100 333

LYON CAPITALE du 2 mars 2005 - Guillaume Lamy

Irradiation : un cocktail
explosif dans nos assiettes

Santé. Les aliments stérilisés par source radioactive remplissent nos
assiettes. Pourtant, les études sur leur toxicité sont  controversées. Une
manifestation est prévue samedi, devant l¹usine Ionisos, à quelques
kilomètres de Lyon, l¹un des sept centres d¹irradiation français.

Des cuisses de grenouilles aux rayons gamma, des ailes de poulet au cobalt
60, des fraises et des haricots au césium 137 (le cobalt 60 et le césium 137
sont deux éléments radioactifs) ... non, il ne s¹agit pas de
cuisine-fiction, encore moins de gastronomie extraterrestre. Nos assiettes
en sont pleines et on en consomme tous les jours. Sans le savoir. Bon
appétit !
Tous ces aliments ont un point commun : ils sont traités par rayonnements
ionisants. C¹est la technique dite de l¹irradiation, encore appelée
ionisation. Développée à l¹origine par la NASA pour nourrir les astronautes
dans un environnement confiné, elle a ensuite été développée
industriellement par un lyonnais, à la fin des années 70. Autrement dit,
avant d¹être vendus dans les rayons des supermarchés, les aliments prennent,
pendant quelques heures, un bain de ³soleil² devant une source hautement
radioactive bleuté:  le cobalt 60 ou le césium 137 . La société Ionisos,
dont le siège social est implanté à Dagneux, dans l¹Ain, est l¹un des rares
centres à irradier toutes sortes de produits - on en compte sept en France
et 167 dans le monde. Du matériel médico-chirurgical aux matières
plastiques, en passant par les cosmétiques et les composants électroniques,
tout y passe. L¹agro alimentaire compris. Chez nous, ce sont principalement
les cuisses de grenouilles congelées, quasiment toutes importées d¹Asie et
ionisées à 100% , les volailles, les abats de poulets et les épices (cumin,
gingembre, curry, poivre, etc).
Mais bon nombre de fruits et légumes provenant de pays tropicaux et
subtropicaux ont de grandes chances d¹être irradiées délibérément. En fait,
l¹ionisation permet de ralentir la dégradation des aliments en empêchant la
germination des bulbes et des tubercules,  en éliminant les insectes et les
micro-organismes (bactéries, levures, moisissures) et en asphyxiant les vers
parasites dans les viandes blanches, comme les salmonella ou les listeria..
A première vue, l¹irradiation peut donc apparaître comme un moyen efficace
de lutter contre les intoxications alimentaires.

L¹irradiation modifie la structure moléculaire des aliments....
Mais pour de nombreuses associations de consommateurs et de scientifiques,
l¹amélioration des qualités hygiéniques des aliments n¹est pas une fin en
soi. Ils pointent du doigt la potentielle toxicité des aliments irradiés.
Ainsi, pour sensibiliser le public, une dizaine d¹associations, dont Attac,
Confédération paysanne, Biocoop, Action Consommation et le réseau Sortir du
nucléaire, organisent, samedi prochain, une manifestation devant les grilles
de Ionisos pour protester contre cette banalisation. ³Au-delà du fait que
Ionisos manipule des matières radioactives, nous ne savons pas quel est
l¹impact des aliments irradiés sur l¹organisme humain. Pour cette raison,
nous demandons l¹arrêt définitif de l¹irradiation volontaire des aliments²
explique Stéphane Lhomme, porte-parole de Sortir du nucléaire.  Chez
Ionisos, ça sent le roussi. Les responsables de la société sont sur le
qui-vive. La gendarmerie et la police en alerte rouge. Pas question de
courir le moindre risque : huit mètres carrés de Cobalt 60 sont entreposés
dans l¹enceinte de l¹usine. De quoi contaminer une région entière pendant
des siècles.. La technique, bien au point, impressionne : à peine une heure
de rayonnement gamma et toute la structure moléculaire d¹un aliment est
³cassée², sans que ce dernier change d¹apparence. Résultat : l¹aliment
n¹abrite plus le moindre organisme vivant. ³L¹aliment est mort sur la plan
biologique, les tissus sont pulvérisés, l¹ADN détruit²  explique Roland
Desbordes, scientifique à la Criirad **, l¹association qui a publié les
cartes officielles des vraies retombées de Tchernobyl en France. Il ajoute
que les  cides aminés et les vitamines sont également tuées - ³notamment A,
B1, B6, B12, C, E, K, PP². Bref, manger des ananas de Guinée au mois de mars
risque de ne vous apporter qu¹un effet psychologique. Son irradiation
permettra d¹allonger considérablement sa durée de conservation. Comme
l¹explique Esmilaire, directeur industriel de Ionisos France,³c¹est l¹idéal
pour les distributeurs qui peuvent vendre leurs produits plus longtemps, en
repoussant la date limite de consommation².

Les rats développent des cancers du colon
Malgré l¹agrément de l¹Organisation mondiale de la santé et de l¹Union
européenne pour irradier certains aliments, des craintes subsistent. Les
aliments irradiés créent de nouvelles molécules, dont les effets sont encore
très peu connus. On les appelle les cyclobutanones. En 2002, une étude
franco-allemande réalisée sur des rats a montré que ces ³composés peuvent
être considérés comme des promoteurs dans le processus de la cancérogenèse
intestinale² **. Les militants anti-irradiation ont donc pris  cette étude
comme base de leurs revendications. Mais chose surprenante, Eric Marchioni,
professeur à la Faculté de pharmacie de Strasbourg et l¹un des auteurs de
l¹étude, que nous avons contacté rectifie le tir des associations :  ³les
cyclobutanones produits par les aliments ionisés ne sont pas dangereux en
soi. Ils sont un facteur aggravant. En l¹état actuelle de nos connaissances,
on peut dire qu¹il n¹y a aucune conséquence sur la santé². Et de conseiller
: ³entre un aliment ionisé et un autre, choisissez l¹ionisé, c¹est plus
sûr². Un argument que conteste néanmoins Roland Desbordes, directeur de la
Criirad, comme beaucoup d¹autres scientifiques. ³Du moment où l¹on observe
des réactions chez le rat, dont le patrimoine génétique est similaire à 99%
à celui de l¹homme, on peut se poser des questions... même s¹il y a un pas
entre le rat et l¹homme. On ne peut donc pas conclure à l¹inoccuité de
l¹irradiation des aliments pour les humains². Même au sein de l¹Union
européenne, les avis divergent. Un rapport de la commission de
l¹environnement de l¹Union européenne, publié après l¹étude
franco-allemande, recommande en effet de soumettre à examen scientifique
³une recherche sur les effets à long terme², les cancers mettant en effet
plusieurs années à se déclarer. Qui a raison ? Qui a tort ? Les aliments
ionisés que nous mangeons tous les jours sans le savoir sont-ils nocifs pour
l¹homme ? Dans le doute, le principe de précaution vaudrait d¹être appliqué
sur le sujet. C¹est en tous cas l¹idée de la charte de l¹Environnement,
votée lundi au Parlement, à Versailles. En attendant, l¹obligation
d¹étiqueter les aliments irradiés comme tels est n¹est pas appliquée -
exception faite des cuisses de grenouilles congelées. Les distributeurs sont
réticents à estampiller leurs produits ³irradiés² ou ³ionisés². Le
consommateur, lui, commence à avoir les crocs.

Guillaume Lamy

* Criirad : commission de recherche et d¹information indépendante sur la
radioactivité 
** Etude toxicologique transfrontalière destinée à évaluer le risque encouru
lors de la consommation d¹aliments gras ionisés. Dominique Burnouf, Henry
Delincée, Andrea Hartwig, Eric Marchioni, Michel Miesch, Francis Raul, Dalal
Werner. Karlsruhe 2002.
 
Encadré 1
Aliments ³contaminés² et aliments ³irradiés²
Les aliments ³contaminés² contiennent des particules radioactives. Les
produits radioactifs peuvent provenir de gaz et d¹aérosols radioactifs, de
fuites, du recyclage de matériaux contaminés, de retombées d¹essais
nucléaires, de stockage de déchets nucléaires, etc. L¹ingestion d¹aliments
contaminés provoquent des lésions au sein des tissus qui peuvent être à
l¹origine de mutations celullaitres et ainsi favoriser l¹apparition de
cancers ou de maldies génétiques. Les aliments ³irradiés² sont soumis à des
rayons ionisants afin de détruire la flore pathogène. Ils ne deviennent pas
radioactifs mais leur structure est profondément boulversée. Pour l¹ehure,
leur toxicité n¹est pas prouvée. leur inocuité non plus. Pourtant, on en
mage tous les jours..

Encadré 2
Le Codex Alimentarius adoptera-t-il la radioactivité ?
Le Code alimentaire international, plus connu sous le nom de Codex
Alimentarius, fixe les normes alimentaires mondiales. D¹ici la fin de
l¹année, une révision révolutionnaire pourrait être adoptée et changer
durablement nos modes de consommation et nos comportements. Il s¹agit
d¹autoriser la commercialisation d¹aliments contaminés par les installations
nucléaires qui fonctionnement normalement. La norme ne sera plus l¹absence
de contamination mais une contamination considérée comme ³acceptable².
Aujourd¹hui, la règle est de tolérer une telle commercialisation qu¹en
situation post-accidentelle et pour une durée maximum d¹un an. ³Ces normes
seraient celles adaptées au lendemain de Tchernobyl, sans réserve de temps,
c¹est scandaleux !² tempeste Roland Desbordes, directeur de de la Criirad
(commision de recherche et d¹information indépendante sur la radioactivité).
L¹enjeu est donc de taille. L¹union euroépenne doit donner son avis en avril
à Rotterdam.
G.L

Encadré 3
Les aliments ionisés en France
L¹Union européenne autorise l¹ionisation de certains produits : ³les herbes
aromatiques, les épices et les condiments végétaux². Mais l¹irradiation est
également autorisée pour certains aliments, destinées à l¹alimentation
directe des consommateurs et pouvant être contaminées par des souches de
salmonella ou de listeria : viande de poulets, oeufs, fromages au lait cru,
cuisses de grenouilles, crevettes.  En France, cela concerne les herbes
aromatiques surgelées, les oignons, l¹ail, les échalotes, les légumes et les
fruits secs, les flocons et germes de céréales pour produits laitiers, la
farine de riz, la gomme arabique, la volaille, , la viande de poulet, les
abats de poulet, les cuisses de grenouilles congelées, le sang séché, le
plasma, les coagulats, les crevettes congelées décortiquées ou étêtées, les
blancs d¹oeuf, la caséine, les caséintaes.


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