[fessenheim-tn] Tr: [alsace-nature] Pétrole et nucléaire
schwartz arnaud
schwartz_a at yahoo.com
Mo Sep 12 15:34:38 CEST 2005
> 30/08/2005 : Le Monde
> *Le nucléaire : une réponse fallacieuse à la crise
> pétrolière
> *
>
> Point de vue
>
> Par Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir
> du nucléaire
>
> Le prix du pétrole s'envole et le réchauffement
> climatique s'aggrave. En
> même temps, la population française a été, ces
> derniers mois,
> pratiquement sommée de se prosterner devant le
> viaduc de Millau et
> l'Airbus A380, qui sont pourtant les parfaits
> représentants de
> l'augmentation continue de la consommation de
> carburant et des émissions
> de gaz à effet de serre, en France autant
> qu'ailleurs.
>
> Pour tenter de masquer cette triste réalité, de
> nouvelles grand-messes
> médiatiques ont été organisées pour célébrer les
> décisions de construire
> les réacteurs nucléaires ITER et EPR.
> Officiellement, l'atome
> permettrait de lutter contre le réchauffement
> climatique et de ne pas
> trop souffrir de la montée du prix du brut. Comme si
> les centrales
> nucléaires aspiraient les gaz à effet de serre ou
> rafraîchissaient
> l'atmosphère ! Et comme si le nucléaire n'était pas,
> lui-même, hors de
> prix...
>
>
> Pourquoi, malgré ses 58 réacteurs nucléaires -
> pratiquement un par
> million d'habitants- , la France, elle aussi,
> est-elle donc frappée de
> plein fouet par l'envol du prix du brut ?
> L'explication est simple :
> contrairement aux affirmations fantaisistes de
> diverses personnalités,
> dont Nicolas Sarkozy, l'atome ne représente pas 50
> %, mais seulement 17
> % de l'énergie consommée en France !
>
>
> Après avoir menti pendant des décennies aux citoyens
> pour leur faire
> croire au "miracle nucléaire", la France a été
> contrainte d'adopter, en
> 2002, les conventions internationales de
> comptabilité en matière
> d'énergie. La part du nucléaire a automatiquement
> été ramenée à sa
> valeur réelle, soit 17 %, au lieu des 50 % indûment
> affichés.
>
>
> Du point de vue antinucléaire, c'est 17 % de trop.
> Mais, en fin de
> compte, c'est une piètre performance. La France,
> "royaume de l'atome",
> dépend en réalité à plus de 75 % des énergies
> fossiles (pétrole, gaz,
> charbon) et reste un des principaux pays émetteurs
> de gaz à effet de serre.
>
>
> Sur la planète, avec 440 réacteurs, le nucléaire
> représente à peine 6 %
> de l'énergie consommée : une part bien trop
> marginale pour limiter le
> recours aux hydrocarbures et influer sur le climat.
> Et une part en
> déclin : l'Agence internationale pour l'énergie
> (AIE), pourtant
> favorable au nucléaire, a reconnu le 27 octobre 2004
> qu'il passerait
> sous les 5 % vers 2030 (World Energy Outlook ).
>
> Pourtant, les tenants de l'atome voudraient
> généraliser le modèle
> français à l'échelle continentale, et même mondiale.
> En gardant comme
> repère le chiffre d'un réacteur nucléaire pour un
> million d'habitants,
> cela implique la construction d'environ 7 000
> réacteurs nucléaires en
> vingt ans. Et tout cela pour ne couvrir que plus ou
> moins 17 % de
> l'énergie mondiale, pour rester à 75 % dépendant des
> énergies fossiles
> et continuer à aggraver le réchauffement climatique.
>
> Or, de toute façon, cela n'arrivera pas. La Chine
> est présentée comme un
> véritable eldorado du nucléaire parce qu'elle
> envisage de construire...
> 30 réacteurs. Loin, très loin, des milliers évoqués.
> Et tout cela pour
> arriver royalement à 4 % d'électricité issus du
> nucléaire. Mieux : dans
> les vingt ans à venir, la moitié des réacteurs
> actuellement en fonction,
> arrivés en fin de vie, auront été fermés.
>
> Le déclin du nucléaire est en réalité inexorable.
> D'autant que les
> réserves planétaires d'uranium - le combustible qui
> nourrit les
> réacteurs - sont, elles aussi, en voie
> d'épuisement. Selon les
> estimations, il en reste pour cinquante à deux cents
> ans au rythme
> actuel de l'extraction. Si l'on multipliait
> subitement par dix le nombre
> de réacteurs nucléaires sur Terre, il resterait au
> mieux vingt ans
> d'uranium, et l'humanité se retrouverait rapidement
> à la tête d'un
> immense parc nucléaire... définitivement à l'arrêt !
>
> Enfin, le voile commence à se lever sur le coût réel
> du nucléaire, qui
> s'alourdit au moins aussi rapidement que la facture
> pétrolière.
> Interviewé le 2 janvier par le Journal du dimanche ,
> le ministre de
> l'industrie, Patrick Devedjian, a avoué ce que les
> antinucléaires
> clament depuis longtemps : "Pendant des années, les
> Français ont
> beaucoup contribué, par leurs impôts, au
> développement du parc nucléaire."
>
> Ces sommes ne figurent pas sur les factures
> d'électricité, qui
> paraissent artificiellement faibles, d'autant qu'il
> y manque aussi le
> coût du démantèlement des installations nucléaires
> et de la gestion des
> déchets. Ainsi, le 26 janvier 2005, la Cour des
> comptes a montré que
> l'argent nécessaire pour ces deux activités
> n'existait pas, ou alors en
> quantité notoirement insuffisante.
>
> Heureusement - façon de parler - il y a aussi des
> centrales nucléaires
> en Grande-Bretagne : c'est de là que vient, peu à
> peu, la vérité des
> chiffres. Le 11 août, la Nuclear Decommissioning
> Authority a estimé à 66
> milliards de livres (96 milliards d'euros) le coût
> du démantèlement des
> 20 sites nucléaires britanniques, contre 48
> milliards de livres (70
> milliards d'euros) lors de la précédente évaluation.
>
> Rapporté à l'industrie nucléaire française qui,
> outre ses 58 réacteurs,
> compte des dizaines de sites et installations, cela
> donnerait, au
> minimum, 150 milliards d'euros ! Le plus étonnant
> serait que la facture
> réelle ne soit pas encore plus lourde...
>
> En fin de compte, non seulement la flambée du prix
> du pétrole et le
> réchauffement climatique ne sauveront pas le
> nucléaire, mais au
> contraire l'aggravation de ces phénomènes va
> rapidement démontrer
> l'incapacité totale de l'atome à représenter une
> alternative.
>
> Toutes ces données sont bien connues des
> nucléocrates français. S'ils
> s'entêtent, ce n'est donc pas par ignorance ou par
> bêtise : en
> prétendant sauver la planète, ils espèrent juste
> parvenir à perpétuer le
> nucléaire... en France. Lorsque l'opinion
> s'apercevra qu'elle a été
> abusée, ils diront : "On a des réacteurs nucléaires
> tout neufs.
> Peut-être ne fallait-il pas les construire, mais
> maintenant qu'ils sont
> là, autant les utiliser."
>
> Or il se trouve que les solutions pour sortir du
> nucléaire sont,
> justement, les seules qui permettent de lutter
> réellement contre le
> réchauffement climatique et de consommer beaucoup
> moins de pétrole. Les
> pays riches doivent réduire fortement leur
> consommation énergétique et,
> dans le même temps, financer le développement des
> énergies renouvelables
> partout sur la planète.
>
> Que ceux qui estiment ce programme utopique
> reconnaissent qu'ils ne
> veulent pas laisser aux générations futures une
> terre habitable.
>
>
>
>
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