[fessenheim-tn] TCHERNOBYL - SEMAINE D'INITIATIVES - QUE FAITES-VOUS ?

Ph. Brousse - Reseau Sortir du nucleaire - Directeur philippe.brousse at sortirdunucleaire.fr
Mo Apr 4 11:57:52 CEST 2005


En mémoire aux victimes de la catastrophe de Tchernobyl (qui a eu lieu il y
a 19 ans),
participez à la semaine d¹initiatives « Sortir du nucléaire »,
du 23 au 30 avril 2005 (et un peu avant ou après).
Toutes ces initiatives sont présentées sur : www.sortirdunucleaire.org
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Cette année, l'action-phare pour la commémoration de Tchernobyl aura lieu à
Nantes le samedi 23 avril à 14 heures. Il s¹agit d¹un formidable défi :
rassembler 10 000 personnes qui composeront une fresque géante pour écrire
en lettres humaines :
"LE NUCLEAIRE TUE L'AVENIR, SORTONS-EN !"
Vous êtes bien sûr invités à vous y joindre. Pour y participer et avoir plus
d¹infos : sdnredon at free.fr
 
Mais, pour ceux qui resteront dans leurs régions, nous proposons une action
simple et souple à réaliser : un dépôt de fleurs devant votre mairie (ou un
autre lieu symbolique). Dans ce cas, nous vous fournirons un communiqué de
presse type et un modèle de tract.
 
Bien sûr, au delà de ce dépôt de fleurs, vous avez toute la liberté
d¹organiser un tout autre événement. Le Réseau « Sortir du nucléaire »
entend servir de caisse de résonance à vos initiatives quel que soit
l¹endroit où elles ont lieu en France et aussi diverses et originales
soient-elles (débat, projection d¹un film, performance artistique, sportive,
visite d¹un site d¹énergies renouvelablesŠ) Même si votre initiative a lieu
un peu avant ou après cette semaine (en mai 2005), n¹hésitez pas à nous en
faire part également.
 
Prière de nous faire savoir ce que vous organisez chez vous AVANT LE 15
AVRIL 2005.
 
Coordination de cette semaine d¹initiatives : André Larivière :
andre.lariviere at sortirdunucleaire.fr

Liberation - mardi 08 mars 2005 - Moscou - Lorraine Millot
 
L'oubli pour les irradiés de Tchernobyl
Une réforme accentue le dénuement de ceux qui avaient participé au nettoyage
du site.
 
«Lui est mort il y a deux ans, lui vient juste de mourir, lui a eu une
hémorragie cérébrale...» Dans le petit local de l'Union des Tchernobyl de
Moscou, entre malades et cafards qui trottent sur les murs, l'ambiance est
un peu plus morbide de mois en mois. Viatcheslav Kitaïev, président de
l'association moscovite des «liquidateurs» de Tchernobyl, envoyés nettoyer
les abords de la centrale nucléaire après l'explosion le 26 avril 1986 du
réacteur numéro 4, montre les photos de ses amis, décédés dernièrement. Au
total, quelque 600 000 «héros» de l'Union soviétique, soldats et civils,
furent envoyés à Tchernobyl dans les mois et les années qui suivirent
l'explosion du réacteur. La moitié d'entre eux seraient aujourd'hui
gravement malades ou déjà morts, selon les estimations de l'Union russe des
liquidateurs. «Et la moitié de ceux qui sont encore vivants sont aujourd'hui
en procès pour toucher les indemnités qui leur sont dues ! Ça vous paraît
normal ?» s'insurge Viatcheslav Kitaïev. Autour de lui, une rangée d'hommes,
visage rouge et mains tremblantes, murmurent : «On nous a volé notre vie
(...). Et maintenant, on nous cambriole.»
Une récente «réforme des avantages sociaux» entrée en vigueur en Russie le
1er janvier vient de priver les liquidateurs de Tchernobyl de toute une
série d'avantages en nature (réduction de charges communales et de frais de
transport, séjours annuels en sanatorium...). Quelques dizaines d'anciens
liquidateurs, souvent déjà gravement malades, ont fait plusieurs semaines de
grève de la faim dans plusieurs villes de Russie. Plusieurs manifestations
ont rassemblé quelques centaines de liquidateurs. La plupart, trop faibles
ou trop habitués à être oubliés, sont restés chez eux, où ils se laissent
mourir dans des douleurs souvent atroces. «Il n'y a pas de maladie
Tchernobyl proprement dite, assure le docteur Elena Chirokova, responsable
d'un institut spécialisé dans l'accueil des liquidateurs, à Moscou.
Simplement, avec l'âge, ils développent quantité de maladies très diverses,
cardio-vasculaires, digestives, nerveuses.» Même dans ce centre moscovite,
les médecins avouent n'avoir pas toujours assez de médicaments pour soulager
leurs patients. «Souvent les financements manquent, laissent-ils entendre à
mi-mots. Et pourtant, c'étaient nos héros, qui ont sacrifié leur vie pour
nous sauver de dégâts encore plus grands.»
 
Pavel Markine 41 ans : «Nous étions des héros»
 
«J'ai été envoyé en juillet 1986 à Tchernobyl. Arrivé sur place, j'ai appris
qu'il était interdit d'envoyer ceux qui n'avaient pas encore d'enfant, mais
je suis resté car il fallait bien tout de même faire ce travail, nous étions
des héros ! On enlevait la terre contaminée, à 300 mètres du quatrième
réacteur : on faisait ça deux à cinq minutes par jour, la règle étant de ne
pas recevoir plus de 1,5 röntgen [rayons X, ndlr] par jour. Mais les temps
de trajet jusqu'à la centrale n'étaient pas comptés. Autour de nous, la
forêt était de couleur orange, il y avait des arbres avec des fruits énormes
et des chiens à moitié chauves. Je portais un dosimètre, mais il ne marchait
pas tout le temps. Officiellement, ils ont noté que j'avais reçu 21,13
röntgens, mais je suis sûr d'en avoir reçu beaucoup plus. J'ai commencé à me
sentir mal à partir de 1989. J'ai d'affreuses douleurs à la tête, les
médecins parlent d'encéphalopathie, de gastrites, j'ai les vaisseaux
sanguins qui rétrécissent. Le médecin me conseille de temps en temps de
faire une pause dans la prise de médicaments et de faire passer les douleurs
à la vodka. De toute façon, les médicaments que nous recevons gratuitement
sont les moins efficaces. Ceux qui me soulagent vraiment, je dois les
acheter moi-même : 1 000 roubles environ tous les mois [28 euros]. Je touche
1 700 roubles [47 euros] de pension d'invalidité et 1 200 roubles [33 euros]
d'indemnités par mois. D'après la loi, je devrais toucher 14 000 roubles
[390 euros]. Je suis en procès pour un total de 380 000 roubles [10 555
euros] que l'Etat me doit depuis 1996. Avec la réforme entrée en vigueur en
janvier, ils nous ont supprimé toute une série d'avantages... L'Etat russe
se fout de nous, il nous crache dessus.»

Appel pour un hommage aux liquidateurs de Tchernobyl
 
L¹accident de Tchernobyl nous a toujours été présenté comme la conséquence
d¹une technologie obsolète dans un pays dont le système politique était en
décomposition. Cette présentation a nourri et nourrit encore, dans les
populations occidentales, le sentiment que s¹est produit là-bas ce qui
devait logiquement se produire. Elle a nourri aussi le sentiment que pareil
malheur ne risque pas de nous arriver à nous puisque nous vivons dans un
monde différent.
       Il est avéré que l¹explosion a été causée non pas par une défaillance
technologique  mais par une man¦uvre improvisée du directeur de la centrale
qui voulait tenter une expérience. L¹autorisation de cette man¦uvre lui
avait été refusée par ses supérieurs hiérarchiques.
     Deuxième idée que s¹acharnent à perpétrer l¹Agence Internationale pour
l¹Energie Atomique et l¹OMS (qui lui est subordonnée depuis l¹accord de 1959
) : l¹accident de Tchernobyl n¹a tué que 32 personnes.
    La désinformation n¹a pas épargné celles et ceux qui n¹accordent aucun
crédit au nucléaire et qui le combattent. L¹action déterminante des
personnes appelées « liquidateurs » constitue un exemple de négation de
l¹histoire. Selon le Professeur Nesterenko ( membre-correspondant de
l¹Académie des sciences du Belarus, docteur ès sciences techniques,
liquidateur des conséquences de l¹accident )  une  deuxième et terrible
explosion a été évitée grâce à l¹intervention et au sacrifice de plusieurs
dizaines de milliers de liquidateurs. Nous publions ici quelques extraits
d¹une lettre que  le Professeur Nesterenko nous a adressé le 15 janvier 2005
:  
 
(Š) Les 28-29 avril 1986, les collaborateurs du département de la physique
des réacteurs de l¹Institut de l¹énergie atomique de l¹Académie des sciences
de Biélorussie ont fait des calculs qui montrèrent que 1300-1400 kg du
mélange uranium+graphite+eau constituaient une masse critique et une
explosion atomique d¹une puissance de 3 à 5 Mégatonnes pouvait se produire
(c¹est une puissance 50 à 80 fois supérieure à la puissance de l¹explosion
d¹Hiroshima). Une explosion d¹une telle puissance pouvait provoquer des
radiolésions massives des habitants dans un espace de 300-320 km de rayon
(englobant la ville de Minsk) et toute l¹Europe pouvait se trouver victime
d¹une forte contamination radioactive rendant la vie normale impossible.
(Š) Il y a une chose que je sais pour sûr : des milliers de wagons de chemin
de fer avaient été réunis autour de Minsk, Gomel, Moguilev et les autres
villes se trouvant dans un rayon de 300-350 km de la centrale de Tchernobyl
pour l¹évacuation de la population si une telle nécessité se présentait.
                  On s¹attendait à ce que l¹explosion puisse avoir lieu les
8 ou 9 mai 1986. C¹est pourquoi toutes les mesures possibles furent prises
pour éteindre avant cette date le graphite qui brûlait dans le réacteur. On
amena d¹urgence à Tchernobyl des dizaines de milliers de mineurs des mines
des environs de Moscou et du Donbass pour qu¹ils creusent un tunnel sous le
réacteur et installent un serpentin de refroidissement pour refroidir la
dalle de béton du réacteur et exclure toute possibilité de formation de
fentes dans cette plaque. Les mineurs durent travailler dans des conditions
infernales (haute température et haut niveau de radiation) pour sauver la
plaque de béton de la ruine. Il est impossible de surestimer ce que ces
hommes pleins d¹abnégation ont fait pour prévenir une éventuelle explosion
nucléaire. La plupart de ces jeunes gens sont devenus invalides, nombre
d¹entre eux sont morts à l¹âge de 30-40 ans.

                  Il est évident que la situation radiologique dans le
réacteur était terrifiante.(Š) On sait que le 7 mai 1986, l¹incendie qui
faisait rage dans le bloc 4 de la centrale atomique de Tchernobyl fut
éteint. L¹exploit des centaines de milliers de jeunes gens - pompiers,
soldats, mineurs ­ « liquidateurs » de ce terrible accident, ne connaît pas
son pareil.
                  Selon l¹estimation des physiciens, il y avait dans le
réacteur de la centrale de Tchernobyl  près de 400 kg de plutonium. On
estime que près de 100 kg de plutonium ont été rejetés dans l¹environnement
au moment de l¹incendie ( 1 microgramme de plutonium est une dose mortelle
pour un homme pesant 70 kg).

                  Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une
explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l¹Europe serait devenue
inhabitable.
                  Une idée dangereusement fausse fait son chemin en Occident
: du moment que les réacteurs de la centrale de Tchernobyl sont arrêtés, il
paraît qu¹il n¹y a plus de risque d¹explosion atomique. Or tant que le
combustible nucléaire se trouve à l¹intérieur du réacteur en ruines, il
présente un danger non seulement pour l¹Ukraine, la Biélorussie et la Russie
mais pour les populations de l¹Europe entière.
                  Les peuples d¹Europe devraient selon moi être infiniment
reconnaissants aux centaines de milliers de liquidateurs qui au prix de leur
vie sauvèrent l¹Europe d¹un malheur atomique gravissime.
                  Selon la déclaration faite en 1996 par la direction de
l¹association « Union de Tchernobyl », plus de 20 mille hommes de 30 à 40
ans qui avaient participé à la liquidation des conséquences de Tchernobyl
étaient morts à cette date.(Š)
                  
                           Le Professeur Nesterenko.
 

Une chape de silence pèse encore sur cet épisode majeur de notre histoire.

 Nous invitons tous les citoyens à rendre hommage à tous ces hommes. C¹est
grâce à leur sacrifice que nous n¹avons pas connu le cauchemar.

      Déposons, à leur intention, des fleurs devant nos Mairies entre le 23
et le 30 avril.

      Notre geste sera aussi dédié au Pr. Youri Bandajevsky, condamné à 8
ans de prison après qu¹il eut révélé l¹état de santé désastreux de ces
centaines de milliers d¹enfants biélorusses et ukrainiens, et dédié à toutes
les victimes, enfants particulièrement, qui, partout dans le monde,
souffrent et meurent de la pollution nucléaire.

Le Réseau Sortir du Nucléaire

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