[fessenheim-tn] Tchernobyl : On nous aurait menti ?

[Pierre Ackermann]

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Jacques Pietri

Tchernobyl : On nous aurait menti ?

Y a t-il eu mensonge d’état concernant le nuage radioactif qui a survolé la
France du 30 avril au 5 mai 86? Etait-il aussi inoffensif comme l’avaient
affirmé les autorités françaises au lendemain de la catastrophe survenue
dans la centrale nucléaire de Tchernobyl? Un rapport d’expertise laisse
aujourd’hui planer le doute…

Un rapport rédigé par le physicien nucléaire Paul Genty conclut
effectivement que les autorités françaises ont volontairement minimisé
l’ampleur des retombées après le passage du nuage radioactif sur une partie
de l’hexagone, ce qui accréditerait le dépôt de plainte de plusieurs
personnes atteintes de cancers de la thyroïde. D’après les experts, les
mesures de radioactivité effectuées à l’époque par les autorités françaises
comme EDF ou la Cogema sont bien différentes de celles qui avaient été
communiquées au grand public. Alain Carignon, ministre de l’environnement en
1986, estimait qu’il n’y avait aucun risque, suivi par le gouvernement
français qui n’avait pas jugé nécessaire d’appliquer des mesures de
précautions comme dans tous les autres pays d’Europe. La Corse quant à elle
reste la région où l’on compte le plus de personnes victimes d’affections
thyroïdiennes depuis le passage de ce fameux nuage radioactif. En février
2001, l’association U Levante avait dénoncé les retombées sanitaires de
Tchernobyl sur l’île lors d’une journée scientifique d’informations.
S’appuyant sur des chiffres alarmants, elle avait notamment évoqué ceux qui
avaient été retrouvés au cours d’une perquisition au ministère de
l’intérieur et la découverte d’un document marqué " à ne pas divulguer "
concernant une analyse de lait de Corse fortement contaminé (plus de 10 000
becquerels par litre, la norme étant à 500 bq/l). " Aujourd’hui, enfin, les
cartes de la radioactivité résiduelle ou de la radioactivité tombée sur
l’île fin avril 86, établies par l’IPSN sont proches de celles de la
CRII-RAD, on attend encore du Ministère de la Santé qu’il reconnaisse que
les doses reçues par les enfants étaient supérieures aux doses possibles "
s’indignaient alors les membres de l’association. A cette occasion
d’ailleurs, Corinne Castanié (CRIIRAD) avait mis en évidence l’incohérence
des résultats annoncés par le SRPI au fil des ans. Et pour cause, les
chiffres sont passés de 13 bq/m2 en mai 86 sur le sol contre 11 000 à 25 000
bq/m2 en avril 2001. L’affaire semble sur la bonne voie aujourd’hui
notamment avec le juge Marie-Odile Bertella Geoffroy, chargée d’instruire au
tribunal de Paris une information judiciaire contre " X " pour atteinte
involontaire à l’intégrité physique par manquement délibéré à une obligation
de sécurité ou de prudence. Reste à savoir si le rapport d’expertise qu’elle
a en main puisse aboutir sur des poursuites pénales. En effet, aucun lien à
ce jour n’a été établi entre le nuage radioactif et les cancers et
affections de la thyroïde dont souffrent les plaignants. Du moins,
officiellement…

Jacques Pietri


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