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<TITLE>Deux articles dans le journal Le Monde de samedi 15 octobre</TITLE>
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<FONT COLOR="#800000"><FONT FACE="Verdana, Helvetica, Arial"><SPAN STYLE='font-size:12.0px'><B><I>Le Monde - Samedi 15 octobre 2005 - Point de vue -<BR>
</I></B></SPAN></FONT></FONT><FONT FACE="Verdana, Helvetica, Arial"><SPAN STYLE='font-size:12.0px'> <BR>
</SPAN><FONT SIZE="5"><SPAN STYLE='font-size:16.0px'><B>AIEA : un prix Nobel de la paix indécent<BR>
</B></SPAN></FONT><SPAN STYLE='font-size:12.0px'> <BR>
<B><I>par Jean-Marie Brom et Stéphane Lhomme.<BR>
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Jean-Marie Brom est chercheur en physique nucléaire au CNRS.<BR>
Stéphane Lhomme est porte-parole du Réseau “Sortir du nucléaire”.<BR>
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</B>Selon ses statuts, adoptés en 1957, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) "<I>a pour but d'accélérer et d'élargir la contribution de l'énergie atomique à la paix, la santé et la prospérité à travers le monde</I>". L'AIEA est donc une instance qui agit pour la prolifération nucléaire, et non contre. <BR>
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Chaque pays disposant aujourd'hui de l'arme atomique la doit au fait qu'il possède également un ou plusieurs réacteurs nucléaires dits "civils". Par ailleurs, les réacteurs nucléaires actuels (projet EPR - European Pressurized WaterReactor, réacteur nucléaire à eau pressurisée européen - compris) sont les héritiers directs des piles atomiques de Hanford (Etats-Unis), dont la seule utilité était de produire le plutonium nécessaire à la bombe de 1945.<BR>
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De fait, si les antinucléaires, et bien des pacifistes, protestent aujourd'hui contre l'attribution du prix Nobel de la paix à l'AIEA, ce n'est pas seulement parce que cette agence agit en faveur de l'industrie nucléaire dite "civile", mais du fait qu'elle porte une grande part de responsabilité dans la prolifération nucléaire à des fins militaires.<BR>
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La mission première de l'AIEA est, hélas, de promouvoir l'industrie nucléaire sur la planète, et son discours aux gouvernements d'un certain nombre de pays est celui-ci : "<I>Nous allons vous aider à développer une industrie nucléaire, mais vous devez promettre de ne pas en profiter pour faire des bombes atomiques</I>." <BR>
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Officiellement, seuls cinq pays ­- les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France ­ - se sont arrogé le droit de posséder des armes nucléaires. Ce privilège est considéré comme inacceptable par beaucoup de pays d'autant que, c'est un secret de Polichinelle, l'Inde, le Pakistan et Israël ont de leur propre initiative rejoint le "club de la bombe". Ce pourrait être bientôt, si ce n'est déjà fait, le cas de l'Iran, de la Corée du Nord, et certainement d'autres pays, comme le Brésil.<BR>
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A chaque essai nucléaire, preuve de la possibilité de détourner à des fins militaires l'énergie nucléaire dite pacifique, c'est par son silence que le nouveau Prix Nobel de la paix a salué la démonstration de son inefficacité. De même a-t-il fallu des mois pour que, dans un Irak pourtant dévasté par la première guerre du Golfe et le blocus économique, les inspecteurs de l'AIEA puissent estimer que le dictateur Saddam Hussein n'était pas parvenu à mettre au point des armes nucléaires. On comprend alors que la vérité est pratiquement impossible à établir pour des pays en bien meilleur état que l'Irak.<BR>
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Mohamed ElBaradei a certes pris position contre l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis, mais ce n'était en rien un engagement pacifiste : il s'agissait de promouvoir l'AIEA, dont il est le directeur général, dans un contexte aussi rare que favorable puisqu'il lui suffisait... de ne rien trouver.<BR>
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Il serait autrement plus probant, de la part de l'AIEA, de mettre au jour l'utilisation à des fins militaires du plutonium issu de centrales "civiles". Or, malgré de nombreuses inspections menées dans les pays a priori suspects, l'AIEA est toujours rentrée bredouille.<BR>
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En prétendant indûment être en capacité d'empêcher la prolifération nucléaire à des fins militaires, l'AIEA abuse l'opinion publique et laisse l'humanité s'enfoncer vers l'irréparable. Et en aidant des pays à développer une industrie nucléaire, l'AIEA est un pompier pyromane qui aggrave le risque qu'elle est, par ailleurs, incapable de contrôler.<BR>
A cela, il faut ajouter que l'AIEA s'est souvent signalée en cachant la vérité sur le nucléaire et ses effets. Ce fut ainsi le cas, le 6 septembre, lorsque fut publié le scandaleux rapport qui minimise considérablement les conséquences réelles de la catastrophe de Tchernobyl (Le Monde du 7 septembre).<BR>
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D'ailleurs, en vertu d'un texte de 1959, hélas toujours en vigueur, l'AIEA interdit carrément à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de s'exprimer sans son accord sur les conséquences sanitaires du nucléaire, qu'il s'agisse d'Hiroshima, de Nagasaki, de Tchernobyl ou de toute autre affaire atomique. On voit bien par là que l'AIEA, loin de participer au bonheur du genre humain ou même de tendre vers une humanité pacifiée, a d'abord pour objectif de contribuer efficacement à la prospérité d'une industrie qui a commencé son règne sur les décombres d'Hiroshima et de Nagasaki.<BR>
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Le prix Nobel de la paix est censé récompenser une activité favorable à "la défense des droits de l'homme, la médiation dans les conflits internationaux, le contrôle des arsenaux et le désarmement" (déclaration du comité norvégien du prix Nobel). A travers l'activité passée et présente de l'AIEA, on pourra vainement chercher la justification de la présence de cette agence aux côtés de figures telles que Martin Luther King, Mère Teresa ou René Cassin - lauréats du prix Nobel de la paix respectivement en 1964, 1979 et 1968.<BR>
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Il y a déjà eu, par le passé, des controverses sur l'issue du prix. Mais jamais celui-ci n'avait été attribué à un organisme dont l'action ou les buts ne correspondent pas même aux critères d'attribution. Le comité Nobel avait pourtant la possibilité de récompenser des gens qui agissent réellement pour la paix : à l'occasion du 60e anniversaire d'Hiroshima et de Nagasaki, des survivants de ces bombardements auraient fait de dignes lauréats. C'est aussi le cas des millions de citoyens qui ont manifesté de par le monde contre la guerre en Irak.<BR>
<FONT COLOR="#800000"><B><I><HR ALIGN=CENTER SIZE="3" WIDTH="95%"></I></B></FONT></SPAN></FONT><FONT COLOR="#800000"><B><I><FONT SIZE="5"><FONT FACE="Times, Times New Roman"><SPAN STYLE='font-size:16.0px'>Le Monde - Samedi 15 octobre 2005 - Hervé Kempf<BR>
</SPAN></FONT></FONT></I></B></FONT><FONT SIZE="5"><FONT FACE="Times, Times New Roman"><SPAN STYLE='font-size:16.0px'> <BR>
</SPAN><SPAN STYLE='font-size:18.0px'><B>Les écologistes se retirent du débat public sur l'EPR<BR>
</B></SPAN><SPAN STYLE='font-size:16.0px'><BR>
Un débat public a-t-il un sens quand plusieurs des principaux interlocuteurs quittent la table ? La question se pose à propos des débats relatifs au réacteur nucléaire EPR et aux déchets radioactifs. Jeudi 13 octobre, six associations </SPAN></FONT><SPAN STYLE='font-size:16.0px'><FONT FACE="Lucida Grande, Verdana, Helvetica, Arial">­</FONT><FONT FACE="Times, Times New Roman"> Amis de la terre, Agir pour l'environnement, France nature environnement, Réseau action climat, Greenpeace et le WWF </FONT><FONT FACE="Lucida Grande, Verdana, Helvetica, Arial">­</FONT><FONT FACE="Times, Times New Roman"> ont en effet annoncé qu'elles n'y participeraient plus. <BR>
Cette décision fait suite à une lettre du ministre délégué à l'industrie, François Loos, adressée le 12 octobre à la commission nationale de débat public (CNDP), et confirmant que certaines informations ne pourraient pas être discutées en public. "<I>La réponse du gouvernement enterre tout espoir d'un débat sur les risques liés au nucléaire dans notre pays</I>", écrivent les associations, pour qui "<I>c'est une décision grave qui nous rappelle que nucléaire et démocratie ne sont toujours pas compatibles au XXIe siècle</I>" . Au cabinet du ministère de l'industrie, on estime "dommage" que les associations se retirent, jugeant : "<I>Elles sont toujours dans un état d'esprit de confrontation, pas de concertation</I>." <BR>
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La polémique est née de l'application d'un arrêté pris en 2003 appliquant le "<I>secret défense</I>" aux informations relatives aux matières nucléaires (Le Monde du 3 septembre 2003). Dans la préparation du débat public sur l'EPR lancé en décembre 2004, le réseau Sortir du nucléaire a demandé à mentionner dans les "cahiers d'acteurs" un document technique d'EDF relatif à la résistance de l'EPR à la chute d'un avion de ligne. Dans ce document, EDF écrit que "<I>les hypothèses relatives à l'impact doivent assurer une couverture "raisonnable" du risque et ne peuvent prétendre envelopper toutes les éventualités</I>". A la demande du haut fonctionnaire de défense du ministère de l'industrie, la CNDP a alors décidé, le 13 septembre, de supprimer "<I>six lignes de la contribution</I>" du Réseau évoquant le document d'EDF (Le Monde du 15 septembre).<BR>
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Les associations ont alors menacé de se retirer du débat. La CNDP a engagé une discussion avec le gouvernement, afin d'examiner s'il serait possible de faire intervenir des contre-experts, sous condition de confidentialité, pour étudier la résistance de l'EPR.<BR>
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C'est donc cette possibilité qui a été refusée par le ministre de l'industrie. Celui-ci écrit qu'"<I>il ne paraît pas possible au gouvernement d'organiser une contre-expertise complémentaire qui examinerait des documents "secret défense"</I>", estimant qu'"<I>il ne serait pas raisonnable de détailler plus avant les menaces prises en compte, leurs effets potentiels, ni les moyens mis en place pour les prévenir : ce serait en effet de nature à faciliter, voire à susciter l'exécution d'actes de terrorisme</I>" ...<BR>
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Dans leur réponse, les associations énoncent les "sujets" dont on ne peut pas débattre : l'EPR a-t-il été conçu pour résister à un attentat du type 11-Septembre ? Le plutonium extrait par le groupe nucléaire Areva des combustibles irradiés peut-il servir à fabriquer des bombes atomiques ? Les transports de plutonium en France pourraient-ils résister à une attaque terroriste ?<BR>
</FONT></SPAN></FONT><FONT FACE="Verdana, Helvetica, Arial"><SPAN STYLE='font-size:12.0px'><BR>
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